Il est temps de poser des mots sur une réalité trop souvent esquivée. Dans nos entreprises actuelles, qui se veulent inclusives et ouvertes, un malaise persistant se glisse sous les discours bien rodés. Ce malaise, c’est celui de l’âge et de la différence.
Je fais partie de cette génération qui dépasse la cinquantaine, ce que l’on appelle aujourd’hui « senior ». Un mot qui, dans le contexte professionnel, semble de plus en plus résonner comme une condamnation.
Alors que je devrais être à l’apogée de ma carrière, riche d’expériences et de compétences, je me retrouve face à des portes closes : Trop vieille pour certains, trop expérimentée pour d’autres.
Est-ce ainsi que nous valorisons nos aînés ?
L’âge : la première discrimination déguisée
Alors que l’on ne cesse de vanter les mérites de la diversité, l’une des formes de discrimination les plus invisibles, mais bien réelles, reste celle liée à l’âge. Il y a des années, l’âge était un gage de respect, d’autorité, et surtout de compétence.
Aujourd’hui, il est devenu un handicap silencieux, un poids invisible qui pèse sur les épaules de milliers de professionnels dits « seniors ».
Les entreprises se privent de la richesse que représentent les seniors, sous couvert d’une course effrénée vers la nouveauté.
Réinventer ou créer son propre emploi : un choix forcé ?
Aujourd’hui, face à cette exclusion discrète mais omniprésente, nombre de seniors, n’ont d’autre choix que de se tourner vers l’entrepreneuriat, non par ambition démesurée, mais par nécessité.
La réponse du marché aux seniors ? « Créez votre propre entreprise, vous avez l’expérience ! » Une injonction qui, si elle peut sembler valorisante, est en réalité la preuve d’un système qui refuse de s’adapter.
Nous avons tous, à des degrés divers, été victimes de cette tendance à standardiser les profils.
Il serait juste que le recrutement et le travail en entreprise reflètent toute cette diversité !
La transmission sacrifiée sur l’autel du profit immédiat
Confucius nous enseignait que « celui qui apprend mais n’a pas d’expérience est comme un arbre sans racines. » Pourquoi alors continuer à couper les racines de nos entreprises, en refusant aux seniors leur place légitime ?
Car les jeunes générations, aussi brillantes, se retrouvent sans mentor, sans guide pour naviguer dans un monde de plus en plus complexe.
Confucius nous enseignait l’importance de la transmission. Ce n’est pas un concept désuet : c’est un besoin vital pour toute organisation qui veut se développer durablement.
Que se passe-t-il dans nos entreprises lorsque cette transmission est sacrifiée, quand les seniors, porteurs de savoir et d’expérience, sont écartés trop tôt ?
Cette rupture intergénérationnelle est un désastre pour nos entreprises.
La fougue des jeunes est précieuse, mais elle est souvent livrée à elle-même, sans l’ancrage que pourraient apporter les seniors. Plutôt que de les accompagner et de les aider à grandir, ils réinventent la roue et sans apprendre de leurs erreurs.
On parle de créativité, d’innovation, mais comment innover sans cette base solide d’expériences et de savoir-faire ?
L’innovation naît de la différence, pas de la conformité
Il est temps d’agir. Si nos entreprises veulent vraiment innover, elles doivent d’abord accepter et intégrer toutes les formes de diversité. Cela ne signifie pas simplement cocher des cases ou afficher des slogans sur l’inclusion. Cela veut dire valoriser, encourager la transmission intergénérationnelle.
La vraie innovation ne vient pas uniquement d’une seule génération, mais de la rencontre de plusieurs points de vue, de plusieurs histoires.
La collaboration entre jeunes et seniors est la clé d’un avenir prospère. L’expérience, la résilience et la capacité des séniors à naviguer dans des environnements complexes sont autant d’atouts inestimables pour les entreprises d’aujourd’hui.
Un appel à l’action : redonner une place équitable à tous !
Le temps est venu de transformer les beaux discours en actions concrètes. Le temps est venu de redonner aux seniors leur juste place dans nos entreprises, comme acteurs essentiels de l’avenir.
Il est temps d’accepter que l’innovation naît de la diversité — pas seulement de l’âge, mais aussi des parcours, des perspectives et des façons de penser.
Nous devons réinventer nos modèles de travail pour qu’ils intègrent toutes les générations, toutes les différences. C’est une nécessité, et non une option.
A vous, dirigeants et décideurs : Etes-vous prêts à intégrer toute cette diversité, toute cette richesse dans vos entreprises ?
